Le magazine Profession spectacle a consacré à notre projet un article dans son édition du 1er février.
Pascal Bracquemond et Éric Zanettacci font un constat clair : les programmateurs sont submergés et peinent à se tenir informés des nombreuses propositions artistiques qui émergent aux quatre coins de la France, voire à l’étranger. Ils ont donc conçu quelspectacle.com, une plate-forme d’aide à la diffusion et à la programmation du spectacle vivant.
Pluridisciplinaire et indépendant, quelspectacle.com bouscule les habitudes dans le bon sens, en se voulant un « véritable travail collaboratif », accompagnant tous les professionnels, aussi bien les compagnies que les programmateurs. C’est pourquoi le journal Profession Spectacle a décidé d’être partenaire de ce projet.
En quelque deux mois, plus de deux cents spectacles ont été mis en ligne par les compagnies et artistes ; la plate-forme s’ouvre dorénavant aux programmateurs. L’aventure commence…
Entretien avec le cofondateur de quelspectacle.com, Éric Zanettacci.
Avant de lancer votre nouveau projet, la plate-forme quelspectacle.com, quel parcours avez-vous suivi, Pascal Bracquemond et vous ?
Cela fait environ 30 ans que nous sommes dans le métier. Pascal, après un passage dans la finance, a été chargé de production, administrateur aux Tréteaux de France et directeur de l’Institut français d’Oujda au Maroc. Personnellement, j’ai fait à peu près tous les métiers, sauf la technique, étant incapable de changer une ampoule : administrateur de tournées, comédien, producteur, auteur, metteur en scène et j’ai toujours eu une activité parallèle dans le secteur du web après avoir créé une des premières entreprises dans le domaine au milieu des années 90.
Quel constat avez-vous fait de la diffusion du spectacle vivant, pour en venir à créer quelspectacle.com ?
Nous n’avons pas inventé l’eau tiède. Les programmateurs ne peuvent pas connaître tous les spectacles et l’inverse est également vrai. Cette recherche est extrêmement chronophage, coûteuse et souvent sans résultats pour une demande précise. Pascal, par exemple, cherchait un spectacle de culture scientifique pour l’Institut français d’Oujda : il a passé un temps fou pour trouver. Avec notre plateforme, il aurait trouvé en quelques secondes. Les programmateurs avec qui nous avons conçu le site nous ont dit être submergés de catalogues et courriels qu’ils n’ont pas le temps de traiter. Du coup, les réseaux sont fermés et la disparité entre les territoires perdure. Cette situation que nous constatons depuis des années continue de s’aggraver du fait notamment de la baisse régulière des subventions. Conjuguée à l’arrivée d’une nouvelle génération maîtrisant mieux le digital, cela nous a convaincus que c’était le moment de lancer cet outil qui se veut une aide et qui ne remplace personne.
Comment donc avez-vous conçu cet outil ?
D’abord, il me semble important de préciser que notre unique objectif est d’aider à la diffusion du spectacle vivant (et par conséquent à la programmation aussi). Nous sommes bien évidemment partis de nos expériences dans le privé et le public en France et à l’étranger. Mais nous avons également enquêté auprès de divers intervenants pour être au plus près des besoins de la profession et nous avons travaillé avec un groupe constitué de dirigeants de compagnies, producteurs, diffuseurs et programmateurs, qui validait ou non chaque étape du développement. Cette seule phase a duré environ dix-huit mois, et nous cherchons toujours à l’améliorer encore. Nous sommes d’ailleurs très friands des retours que l’on peut nous faire. Cette plateforme est un véritable travail collaboratif.
Nous l’avons également conçue comme un accompagnement. C’est pourquoi nous tenons régulièrement informés nos inscrits de nouvelles pouvant directement les concerner (appels d’offres, explication législative, etc.) grâce à des courriels ciblés. En résumé, tout pour faciliter la diffusion et la programmation et rien que ça, voici l’objet de la conception de cet outil.
Concrètement, je porte la responsabilité d’une compagnie et veux faire connaître mon spectacle, comment dois-je m’y prendre ?
Il suffit de se rendre sur la page d’accueil puis de cliquer sur Inscription. Quelques critères au choix sont demandés pour vous identifier. Le plus simple est de remplir le champ Nom usuel avec tout ou partie du nom de votre structure, puis cliquer sur Rechercher. Si vous êtes dans notre base de données (constituée à partir de données publiques comme le fichier des licences d’entrepreneurs du spectacle publié par le ministère de la culture), votre structure apparaît dans la liste des résultats. Vous cochez ensuite votre nom, indiquez votre courriel, cliquez sur Je m’inscris et vous arrivez sur la fiche d’inscription. Vous la remplissez, l’enregistrez et vous êtes automatiquement inscrit. Si vous n’êtes pas dans la base de données, vous renseignez votre courriel, cliquez sur Je m’inscris et remplissez votre fiche d’inscription. Vous recevrez alors des courriels informatifs afin que nous puissions vérifier la validité de votre inscription. Tout le processus est minutieusement décrit sur une page de notre site. Une fois inscrit, vous irez alors dans l’onglet Mes spectacles et pourrez enregistrer et/ou publier vos spectacles. Une fois publié, votre spectacle sera visible par les programmateurs.
Vous avez ouvert votre plate-forme en novembre pour les compagnies et avez déjà de nombreux spectacles à proposer. Vous l’ouvrez maintenant aux programmateurs. Bien. Je suis programmateur, je m’inscris… Comment cela se passe ? Surtout, comment est-ce que je fais pour m’y retrouver au milieu de toutes ces propositions ?
Avant tout, comme programmateur, j’ai renseigné les dimensions de mon plateau dans mon espace afin que les spectacles proposés puissent correspondre à celles-ci. Ensuite, je peux faire une recherche parmi les spectacles selon certains critères, qui peuvent d’ailleurs être combinés : disciplines, thèmes ou mots-clés (par exemple : 14-18, éducation, sciences, etc.), budget, dates souhaitées. Un certain nombre de spectacles apparaît et je peux encore affiner ma recherche. Par exemple, lorsque je cherche un spectacle « jeune public », celui-ci peut aussi être « arts de la rue », « danse », « cirque », « mime », etc. Il suffit alors de décocher ces catégories proposées pour restreindre les résultats. Une fois que j’ai précisé ma demande, je peux naviguer parmi les résultats. Si je repère des spectacles qui m’intéressent, je peux les ranger dans mes favoris pour y revenir plus tard. Une fois ma sélection terminée, c’est à partir de l’onglet « Mes Favoris » que je peux consulter les fiches des spectacles où je trouverai d’autres informations : une estimation des frais de déplacement (si les indemnités kilométriques ont été précisées), la description des éventuelles prestations proposées, des demandes particulières.
Une fois que les choix sont faits, comment le programmateur entre-t-il en contact ?
Une fois ses choix faits, le programmateur demande à rentrer en contact avec le diffuseur du spectacle. La demande est vérifiée, validée et transmise au diffuseur ou au producteur. Si celui-ci accepte la mise en relation, nous mettons directement en contact les deux parties.
Dernière question, très pragmatique : un tel service a nécessairement un coût. Que facturez-vous ? Ou pour être plus direct : qui paye ?
Notre connaissance de l’économie du spectacle vivant, nos collaborations avec la profession pour bâtir cette plateforme, conjuguées aux tendances actuelles du web, nous ont naturellement dirigés vers un système « gagnant – gagnant ». Il était bien sûr hors de question de demander un droit d’entrée ou un abonnement pénalisant des compagnies qui ont souvent des soucis de trésorerie. Par conséquent, tous les producteurs, diffuseurs ou programmateurs professionnels peuvent inscrire gratuitement leur structure ; ils peuvent également publier gratuitement jusqu’à cinq spectacles simultanément. Au-delà de ces cinq spectacles, le producteur/diffuseur paiera dix euros par spectacle supplémentaire. Il s’agit bien du nombre de spectacles publiés simultanément et non du nombre de spectacles inscrits ou publiés depuis le début de l’inscription de la structure.
Si un spectacle est vendu par l’intermédiaire de quelspectacle.com, la plateforme prend une somme selon un barème fondé sur le prix de cession, hors tous frais annexes. Cela va de 50 € pour un prix de cession inférieur à 1 000 €, à 1 500 € pour un prix de cession supérieur à 20 000 €.
Si des options complémentaires sont ou seront également proposées, elles n’influeront en aucun cas sur l’ordre de présentation des résultats de recherche. Nous continuons à travailler sur des évolutions pour que quelspectacle.com réponde au mieux aux souhaits des professionnels concernant la diffusion ou la programmation.
En résumé, l’inscription sur quelspectacle.com ne présente aucun risque, la rémunération dépendant du résultat. Le seul « risque » est d’élargir ses réseaux et de vendre plus de représentations de ses spectacles.
Propos recueillis par Pierre MONASTIER